Login

Le commerce extérieur agroalimentaire français face à une « fracture historique » en 2025

Les exportations françaises se maintiennent mais les importations progressent.

Pour la première fois depuis des décennies, la balance commerciale agroalimentaire de la France pourrait s’avérer négative en 2025. Accident de parcours, ou début d’une tendance plus durable ? Dans une note parue le 3 octobre, le think tank AgriDées fait le point.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Comme l’indiquait déjà Thierry Pouch, économiste, lors de la dernière conférence de presse des Chambres d’agriculture, le solde du commerce agroalimentaire français pourrait bien, en 2025, atteindre son plus bas niveau depuis 1978. Dans une analyse parue début octobre, les chiffres d’AgriDées reflètent également cette situation inédite, avec un solde de 8 millions d’euros sur les sept premiers mois de l’année, contre 4 milliards d’euros en moyenne entre 2015 et 2024.

Pour le think tank, il s’agit là d’une « fracture historique », alors que le secteur agroalimentaire contribuait positivement, depuis les années 1970, aux comptes extérieurs français.

Une tendance conjoncturelle ?

Le contexte est en partie responsable de cette situation. La filière céréalière a notamment connu, en 2024, une très faible récolte en lien avec les aléas climatiques, avec seulement 25,8 Mt de blé tendre, ce qui a réduit les disponibilités à l’export.

Du côté des vins et spiritueux, outre la faible récolte 2024 (37 millions d’hectolitres), ce sont les tensions politiques qui affectent les marchés à l’exportation, avec les taxes mises en place par Donald Trump aux États-Unis, et les mesures de rétorsion décidées par la Chine.

Enfin, les produits laitiers souffrent quant à eux d’une augmentation des importations françaises (+ 678 M€ par rapport à 2024 sur la période janvier – juillet). Si les exportations restent dynamiques (+ 108 M€ sur le cumul janvier-juillet 2025 par rapport à l’année précédente), la valeur des importations de beurre industriel a nettement progressé, « mettant définitivement en lumière la problématique du déséquilibre en matière grasse qui impacte la filière depuis plusieurs années », souligne AgriDées.

Sur les autres postes, les importations progressent en valeur sur les produits tropicaux en raison d’une forte inflation, et le déficit se poursuit en matière de fruits et légumes, de volailles et de viande bovine.

Un déficit durable de compétitivité 

Si la conjoncture a joué un rôle important dans la chute du solde agroalimentaire français, « il y a peu de motifs d’espoir quant à un potentiel redressement d’ici la fin de l’année », constate AgriDées, qui met en avant les perspectives d’une récolte mondiale de grains historiquement importante. En parallèle, l’escalade de la guerre commerciale entre les grandes puissances mondiales se poursuit.

La production nationale peine quant à elle « à retrouver de l’allant pour reconquérir ses propres circuits de consommation », constate le think tank. Ainsi, cette difficulté de l’agriculture française à répondre à la demande hexagonale, entraînant une hausse des importations, constitue l’un des éléments principaux de la diminution de l’excédent commercial agroalimentaire français.

La situation ne devrait donc pas s’améliorer à l’avenir sans inflexion majeure en matière de politique de compétitivité agricole, ou de « retournement inédit de la géoéconomie mondiale », note AgriDées. À défaut, « la reconquête de notre souveraineté alimentaire ne restera que le souvenir d’une lointaine promesse, conclut le think tank.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement